Après le succès de la Marche des Beurs et de Convergences 84, la mode est au « beur ». L’engouement pour le mouvement est considérable, tandis que sa vitalité ne se dément pas.

Roman d’Azouz Begag, Béni ou le paradis privé suit le parcours d’un adolescent doublement discriminé en raison de son obésité et de ses origines.

Tassadit Imache a déjà un livre pour enfants à son actif lorsqu’elle publie le roman « Une fille sans histoire ». Née en 1958 d’une mère française et d’un père algérien...

Farida Belghoul, figure de la Marche des Beurs et de Convergences 84, revendique l’égalité malgré l’identité et les origines.

En 1985, Nacer Kettane est fort occupé. Jeune médecin, co-fondateur de Radio Beur, militant actif de la Marche, il publie cette année-là son premier et unique roman « Le sourire de Brahim ».

Considéré, aux côtés de Rachid Bouchareb, comme l’un des pionniers du « cinéma beur », Mehdi Charef est également romancier.

Force est de constater que le rap a peiné avant d’être diffusé à la radio française. Pourtant 10 ans avant le morceau « On est encore là » de NTM...

9 novembre 1981, avec la fin du monopole d’Etat, la radio se libère. Un mois auparavant, le droit d’association était accordé aux étrangers.

Première émission entièrement consacrée au hip-hop dans le monde, premier animateur noir à la télévision française, premiers jeunes Français de toutes origines à l’écran.

Paname City Rappin' est le premier album de Dee Nasty. Pionnier du rap français, « Grand Master » de la Zulu Nation en France...

23 octobre 1982, Abdenbi Guemiah, 19 ans, meurt sur le chemin du retour, cité Gutenberg, victime d’un crime raciste.

Premier 45 tours de Karim Kacel, « Banlieue » le propulse, à 22 ans, héraut de la musique « beur ». Il y évoque le désenchantement de la vie en zone urbaine, la jeunesse désabusée coincée entre chômage, délinquance, grisaille et ennui.

Lois Stoleru et Bonnet, ratonnades, « arabicides » et bientôt montée du FN, il ne fait pas bon être arabe en France, au début des années 80...

Troisième album de Djurdjura, « A Yemma » sera aussi le dernier rassemblant en son sein la totalité des membres originels du groupe. Fondé en 1979 par Djouhra Abouda, dite Djura, il est composé de plusieurs musiciennes et chanteuses kabyles.

En 1985, Mohand Mounsi, auteur-compositeur, sort ainsi un titre emblématique de la condition de ces enfants d’immigrés nés en France intitulé « Seconde génération ».

Récit de l’adolescence de Malika Wagner, Terminus Nord est son premier roman.

Afin d’expliquer l’éclatement de son groupe « Djudjura », Djouhra Abouda dite Djura déclarera avoir mis fin à sa collaboration avec ses sœurs, en raison d’un conflit familial.

Dans ce récit, empli d’amertume, Sakina Boukhedenna témoigne de son mal-être.

Radio Beur ne se contente pas d’être seulement présent sur les ondes. Prenant au sérieux leur ambition de promouvoir la culture beur

« Le maître a toujours raison. S'il dit que nous sommes tous des descendants des Gaulois, c'est qu'il a raison, et tant pis si chez moi nous n'avons pas les mêmes moustaches. ».

Si les « arabacides » se succèdent, dans les années 70 et 80, sans parfois créer l’émoi dans la société et les médias français, certains au contraire marquent les esprits.

Bouzid Kara rejoint la « Marche des Beurs » et ceux partis de Marseille, à Aix-en-Provence. Figure du mouvement, il témoigne « à chaud » des temps forts...

Dans son premier roman, Akli Tadjer souligne « qu’on peut écrire joyeusement le saut des frontières là où d'autres s'éternisent dans la gravité et le malheur ».

Leïla Sebbar, romancière et nouvelliste, est née à Aflou, en Algérie, d'un père algérien et d'une mère française.

Pionnier de l’humour « beur » en France, Smaïn débute sa carrière à la fin des années 70 dans des petits cabarets et cafés-théâtres parisiens.

Initialement, Costa-Gavras devait réaliser l’adaptation cinématographique du roman de Mehdi Charef, « Le thé au harem d'Archi Ahmed ».

« Le thé à la menthe » est le premier long métrage réalisé par Abdelkrim Bahloul, avec comme acteur principal Abdellatif Kechiche.

Première œuvre cinématographique du réalisateur et acteur algérien Mahmoud Zemmouri, le film retrace les péripéties d’une famille immigrée algérienne...

Rachid est un jeune beur qui enchaîne les petits boulots, et use de drôles de stratagèmes pour séduire les filles : avec l'aide de complices...

Le Chaâba ? Un bidonville près de Lyon... Un amas de baraques en bois, trop vite bâties par ces immigrants qui ont fui la misère algérienne.

L’exposition de Beaubourg, un mois après l’arrivée de la Marche des Beurs à Paris, met à l’honneur la « culture immigrée » dans un parcours en trois parties...

Dans l’effervescence culturelle « beur » des années 80, littérature, musique, théâtre et bientôt cinéma deviennent les vecteurs privilégiés d’expression d’une seconde génération, avide de reconnaissance.

Les associations de « jeunes issus de l’immigration » multiplient, dans les années 80, les festivals et manifestations culturelles au sein de leurs quartiers.

Soucieux de représenter au mieux les quartiers populaires et de documenter les luttes de l’immigration, Mognis H.Abdallah...

De 1985 à 1989, le terrain vague de La Chapelle-Stalingrad devient le lieu incontournable des rendez-vous du hip-hop parisien.

14 juillet 1989, la France s’apprête à fêter le bicentenaire de sa révolution. Aux commandes du défilé-opéra « La Marseillaise », Jean-Paul Goude retrace en douze tableaux vivants une « grande parade des tribus planétaires »

En France, la jeunesse immigrée décide de s’organiser contre les bavures policières, les crimes racistes, la répression sécuritaire et l’injustice sociale.

« Baraka Hebdo » prend en 1986 le relais du journal « Sans Frontière », créé en 1979. Au sein d’une rédaction, qui ambitionne dès le départ de « favoriser l'insertion des immigrés résidant en France »

En 1985, Sans Frontière rend hommage, dans un numéro spécial, aux femmes de l’immigration : Maghrébines, Antillaises ou Noires, venues du Portugal ou de la Yougoslavie...

« A l’époque les héros s’appelaient Aktuel... », dans son morceau en forme de bilan sur le mouvement hip-hop « Tout n’est pas si facile » (1995), le Suprême NTM souligne l’importance fondamentale du groupe de danseurs Aktuel Force.

Aujourd'hui, tous les looks sont stratifiés, toutes les tribus zonent en parallèle, tous les styles de vie se côtoient sans se mélanger et s'enrichir. Les beurs sont notre chance. La société moderne sera multiraciale ou elle sera triste.

L'origine de ses paroles