La Caravane des quartiers

1989-01-08

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Les associations de « jeunes issus de l’immigration » multiplient, dans les années 80, les festivals et manifestations culturelles au sein de leurs quartiers. Un réseau informel voit, ainsi, le jour tandis que la volonté de mutualiser les moyens et les énergies donne naissance à « La Caravane des quartiers ».

A l’origine du projet, les associations « Vivons ensemble » à Mantes-La-Jolie dans le quartier du Val-Fourré avec Madani Kherfi, « Black Blanc Beur » à Bezons, animée par Mehdi Lallaoui, « Beur ici et maintenant » à Levallois-Perret, avec Samia Messaoudi, ou encore « SOS ça bouge » à Bondy avec Djamel Kelfaoui, se rencontrent puis décident de créer une association commune « Culture des Banlieues », en 1988. D’autres, comme le « Grain magique » à Saint-Étienne ou Vitécri à Toulouse, les rejoignent rapidement. Dès l’année suivante, « Culture des banlieues » organise le premier festival inter-banlieues à Bezons, Mantes-La-Jolie, Clichy, Saint-Étienne et Lille.

Fédératrice, l’association permet à chacune des associations de participer aux festivals des autres. Cependant, l’objectif n’est pas uniquement culturel, il s’agit également de lutter contre l’exclusion comme le souligne Samia Messaoudi : « Il y avait une réflexion sur les difficultés de vie dans les quartiers, les problèmes liés aux inégalités, au racisme, etc. On montrait la nécessité pour les Français et les immigrés de vivre ensemble, mais aussi pour les populations de bouger au-delà des quartiers. Une dynamique militante était poursuivie dans les cités en faveur d’une reconnaissance des jeunes issus de l’immigration et de leurs parents, notamment dans leur participation à la vie de la cité. Mais nous nous battions aussi pour obtenir des financements qui concernaient le domaine culturel, auquel référaient nos projets, et non aux seules enveloppes réservées au domaine social ».

En 1992, le festival inter-banlieues prend le nom de « Caravane 92 » et mobilise plus d’un millier de bénévoles et, environ, deux cents associations. Présente dans 14 villes de France, elle reçoit un soutien de poids avec la Mano Negra qui se lance dans l’aventure. Linton Kwesi Johnson, Zebda, Satellites, Cheba Fadela et Sahraoui, etc. plus de 400 artistes se produiront cette année-là. Le succès public est incontestable tandis que le message « Tous égaux devant la loi, tous égaux face aux mêmes droits» est largement partagé.

Après des déboires financiers, le projet est relancé, en 1994, par la Mano Negra. La Caravane des quartiers est de retour, à l’occasion de la coupe du monde de football, avec Manu Chao à la présidence. L’année suivante, La Caravane s’internationalise avec un voyage à Belfast et entame un partenariat avec la Fondation Abbé Pierre.

« Ce qui nous a séduits dans la démarche de la Caravane c’est cette capacité à mobiliser des jeunes en les impliquant directement dans la réalisation de ses projets. L’action en faveur du logement ne se limite pas aux interventions sur le bâti. Nous n’entendons pas simplement aider les personnes en difficulté à se loger, mais également leur donner les moyens d’habiter là où ils logent. À quoi bon demander du logement social si son environnement rend ce logement inhabitable ? » souligne son délégué général de l’époque (Source : Et les autres ? journal trimestriel de la Fondation Abbé Pierre, n° 20, 07/1998).

Lors de l’édition 1997 de La Caravane, dans le quartier lyonnais des Garennes, l’abbé Pierre déclare que cette manifestation est « une occasion d’humanisation [dans un univers où] nos enfants n’ont plus de rêves ».

En savoir plus :

https://www.persee.fr/doc/homig_1142-852x_1999_num_1219_1_3333
https://www.persee.fr/doc/homig_1142-852x_1996_num_1200_1_2715
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