Années 2020

Leur Algérie

2021-10-13

De silences en non-dits, de pudeurs en rancunes étouffées, parfois on n’ignore tout de sa famille. C’est d’autant plus vrai quand le poids culturel se mêle au choc du déracinement, que l’Histoire rattrape la vie personnelle et qu’on ne pensait pas rester dans cet ailleurs, cet autre pays qui ne devient jamais vraiment le sien.
Ces déchirements, beaucoup de « Chibanis », ces immigrés âgés venus du Maghreb, le connaissent, en particulier les Algériens. Les stigmates mémoriels de la colonisation puis de la guerre d’Algérie sont encore vivaces de part et d’autre de la Méditerranée. Pour Lina Soualem, la jeune réalisatrice née à Paris de parents acteurs et réalisateurs, l’histoire familiale reste un mystère. L’arrivée de ses grands-parents paternels en France, à Thiers, les raisons de l’exil, les années passées en France alors que le « mythe du retour » s’éloigne, le travail à l’usine de coutellerie Le Creux de l’Enfer du grand-père, les espoirs déçus, la vie avant le départ, l’arrachement à la terre natale… autant de chapitres qu’elle abordera avec ses grands-parents.
Si Lina Soualem est portée par la peur de les voir disparaître sans qu’ils n’aient pu lui transmettre cette histoire, elle est aussi confrontée à une ultime déchirure, celle de leur séparation après plus d’un demi-siècle de mariage. Bouleversée par la décision de sa grand-mère, Lina Soualem remonte le fil des mémoires, tente de dénouer l’écheveau de souvenirs, de souffrances et de silence.
« Beau, émouvant, bouleversant, intime et pudique » critiques, public et médias s’accordent tous pour définir ainsi le documentaire Leur Algérie.

Synopsis
Après 62 ans de mariage, les grands-parents de Lina, Aïcha et Mabrouk, ont décidé de se séparer. Ils ont déménagé de leur appartement commun pour vivre dans deux immeubles qui se font face, toujours dans la petite ville de Thiers où ils se sont installés ensemble à leur arrivée d’Algérie, il y a plus de 60 ans. Aïcha continue pourtant de préparer à manger pour Mabrouk et de lui apporter ses repas chaque jour. Mabrouk, lui, continue ses promenades solitaires et silencieuses au centre commercial. Ensemble, ils ont traversé cette vie chaotique des travailleurs immigrés, et aujourd’hui, la force qu’ils ont si longtemps partagée semble avoir disparue. Leur petite fille se questionne : pourquoi personne n’a pu lui expliquer le sens de cette séparation ? Pourquoi ne connaît-elle pas assez leur histoire ? Est-ce que cela permettrait de comprendre leur désarroi d’aujourd’hui ?
(Source France Culture)

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