Années 2020

Letter

2022-02-11

Musique classique et rap, deux univers a priori irréconciliables ? Pas pour Sofiane Pamart, jeune prodige du piano qui, en quelques années, a fait voler en éclat une frontière que beaucoup pensaient impénétrable. Ce médaillé d’or du Conservatoire de Lille, originaire d’Hellemmes, s’est rapidement imposé comme le « pianiste du rap français ». De Joey Starr à Grand Corps Malade, en passant par Vald, Dinos, Lord Esperanza ou encore Médine pour ne citer qu’eux, la liste de ses collaborations est aussi impressionnante que son parcours, son style ou ses ambitions.

Enfant, Sofiane Pamart rêve d’être le meilleur, le « Piano King ». Avec une oreille absolue découverte à l’âge de 4 ans, le pianiste en herbe bénéficie déjà d’un atout non négligeable, mais il n’en travaille pas moins avec acharnement. Une culture de l’effort transmise par ses parents, notamment sa mère professeur, fille de mineur marocain. Dans les Hauts-de-France, l’héritage et les valeurs des « gueules noires » se laissent difficilement oublier, en particulier quand le charbon fait partie de l’histoire familiale.
« Du côté de mon père, mes arrière-grands-parents étaient mineurs, près de Lens. Du côté de ma mère aussi : mon grand-père marocain fait partie de la dernière génération d’immigrés qu’on a fait venir quand plus personne ne voulait travailler dans les mines. C’était dans le secteur de Valenciennes. Il s’est dit ” je vais donner une chance à ma famille ” mais il a été victime d’un coup de grisou. Il a perdu la vie, pas sur le coup, mais ça lui a été fatal plus tard » explique Sofiane.
Dès lors, rien d’étonnant à ce que le petit-fils de mineur cherche à se surpasser. « Si j’ai le luxe aujourd’hui de vivre de la musique et d’en faire depuis tout petit, c’est parce que mon grand-père a donné sa vie pour les mines, puis ma mère a fait énormément d’efforts, de sacrifices et c’est très important de se rappeler de ça ».

En échange de ces sacrifices, Sofiane Pamart entend bien honorer sa part du contrat « aller le plus loin possible dans ce qu’on a choisi et être le meilleur dans ce que l’on fait ». Aujourd’hui, celui qui se définit comme « un pianiste haute couture avec la mentalité et l’image d’un rappeur » veut être le numéro 1 mondial du piano.

Un objectif inatteignable ? Pas forcément pour un artiste qui fait salle comble à l’Olympia comme à Pleyel. Trois ans après « Planet Gold », premier opus sorti en 2019, l’interprète-compositeur revient avec un nouvel album « Letter ». Le pianiste qui entend bien casser les codes, semble en réalité bel et bien en passe de les dynamiter. Sa culture rap ne l’empêche pas de faire des incursions sur d’autres terrains musicaux tels que l’électro ou la pop-soul, ni d’accompagner des artistes comme Kimberose et Arno ou encore de créer un film publicitaire pour une marque de luxe. Féru de mode urbaine, il n’hésite pas à délaisser l’habit traditionnel des concertistes de musique classique pour se produire sur scène. « En raison de mon histoire singulière avec le rap, j’en amène les codes dans mon style. Enfant, j’aurais trop aimé qu’il existe quelqu’un avec un look différent auquel j’aurais pu m’identifier. Aujourd’hui je veux représenter ça pour d’autres ». Plébiscité par les mélomanes les plus avertis, le compositeur iconoclaste parvient à rassembler un large public des plus éclectiques, à populariser la musique classique et démythifier les clichés autour du rap. Les férus de Chopin

« Quand je dis que veux être numéro un du piano, c’est une manière de me mettre en transe pour réussir à accomplir mes rêves, me transcender, m’élever » souligne l’artiste qui sera en novembre 2022, le premier pianiste soliste à remplir l’AccorHotel Arena.

Sa conquête du titre de n°1 du piano ne semble pas si lointaine. Sofiane Pamart appartient, d’ores et déjà, au club très fermé des pianistes les plus écoutés, au monde, sur les plateformes musicales.

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