« Ils sont deux millions, souvent nés en France, scolarisés en France et la plupart d’entre eux ne retournera pas dans son pays d’origine. Jeunes Maghrébins, Africains, Portugais, Asiatiques, Antillais, etc., de nationalité française ou étrangère, dont la présence en France est souvent envisagée par l’opinion publique en termes de problèmes. »
C’est par ces mots que s’ouvre le communiqué de presse du Centre G.Pompidou, annonçant l’exposition « Les enfants de l’immigration », en janvier 1984. A la fois sujets et auteurs des œuvres présentées, les « jeunes appartenant à des communautés d’origines diverses et provenant des quatre coins de l’hexagone » vont ainsi témoigner au travers de reportages photographiques, réalisations audiovisuelles, créations plastiques et littéraires « de leur propre vision, de la place qu’ils occupent dans la société française et des formes d’expression qui sont les leurs. »
L’exposition de Beaubourg, un mois après l’arrivée de la Marche des Beurs à Paris, met à l’honneur la « culture immigrée » dans un parcours en trois parties : « l’arrachement », le « creuset » et la « construction ».
Malgré sa volonté « inclusive » et ses 40 000 visiteurs, l’événement suscite quelques controverses, en cause : la sélection ethnique des artistes, les ambiguïtés du positionnement et des commissaires d’exposition ainsi que son aspect stigmatisant. Une réception critique qui indigne certains observateurs, dont un journaliste du Monde estomaqué de voir certains artistes dénoncer ces faits alors qu’on leur a organisé « pendant trois mois une exposition de 900m2 ». « Décidément les Beurs sont de sacrés râleurs » écrira-t-il dans le quotidien…