L’Ennemi de mon ennemi

2018-02-06

« Prodige », « météorite », « talentueux », au début des années 2010, le monde de l’art contemporain semble en ébullition devant le travail de Neïl Beloufa. Si les critiques élogieuses témoignent de cet engouement, le prestige des institutions culturelles s’intéressant au jeune artiste franco-algérien laisse pantois. Âgé d’une vingtaine d’années, il expose déjà à Berlin, New-York, Londres ou encore Milan et obtient plusieurs nominations dont les Prix Fondation d’entreprise Ricard en 2013 et Marcel Duchamp, en 2015, année de ses trente ans. Outre sa présence aux évènements internationaux comme Art Basel Miami et la biennale de Venise, Neïl Beloufa expose au Moma ou au Palais de Tokyo. En 2018, c’est précisément dans ce lieu qu’il présente au public, « L’Ennemi de mon ennemi ». Loin de se conformer à la facilité d’un manichéisme parfois vidé de tout sens, Neïl Beloufa explore les liens entre réalité et représentations, histoire, pouvoirs et mémoires afin de déconstruite les discours établis.
Les installations animées au moyen de robots et guidées par algorithme, sont tour à tour, associées et séparées. Avec cette mise en mouvement scénographique, « L’Ennemi de mon ennemi » déconstruit et recompose inlassablement les nombreuses représentations possibles d’une réalité immanquablement déformée. Neïl Beloufa décode les différentes formes de contrôle social et de manipulation de l’opinion, leurs mécanismes, leurs stratégies ou leurs médias, autant d’outils mis au service d’une vision déformée de l’histoire et de l’actualité.

Exploration du miroir déformant médiatique, représentations sociales, culturelles et politiques, nationalisme ou encore construction des stéréotypes constituent la matière première d’un artiste à la renommée internationale. Interrogé par le journal Le Monde sur son ascension rapide, il explique « si c’est allé dix fois plus vite pour moi que pour quelqu’un d’autre, c’est aussi parce que je suis un fils de colonisé, un Français algérien […]. Il y a une fascination pour les révolutionnaires des années 1960 comme pour le “Y a bon Banania”. Mais j’essaie de ne pas être l’Arabe de service ». Pour l’artiste marqué par les ambitions déçues de son père, réalisateur algérien d’un seul et unique film, cette réussite a un parfum de revanche sociale.

Présentation
S’inspirant de la communication officielle, des mémoriaux, des musées de guerre, de la propagande politique mais aussi de l’actualité, de la publicité ou des jeux vidéo, l’exposition met en scène l’interchangeabilité des stratégies et des discours. Ce faisant, elle joue sur une ambigüité permanente entre le bien et le mal, les gentils et les méchants, les postures et les impostures.
Le dispositif scénographique, spécialement conçu par l’artiste pour l’exposition, intègre des œuvres, des documents, des images, des artefacts, des reproductions et des objets réels déplacés en permanence par des robots, selon un scénario de type algorithmique. Il propose ainsi une remise en cause permanente des associations, des perspectives et des significations.
(Source : Palais de Tokyo)

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