Avec ce deuxième album « In Power », la rappeuse Tracy de Sá montre le chemin parcouru depuis sa naissance à Goa en Inde, son enfance espagnole et ses premiers pas hésitants sur la scène du rap français.
En retrait, en décalage, renvoyée à sa condition d’étrangère, de femme, d’enfant d’immigrés, Tracy de Sá a longtemps éprouvé des difficultés à trouver sa place. La découverte de la danse permettra à la jeune Indienne, vivant en Espagne avec sa mère et son frère de gagner en confiance.
Arrivée en France pour poursuivre ses études, la jeune femme continue à danser mais c’est en s’emparant du micro qu’elle s’émancipe réellement. À Montpellier, puis à Lyon, la scène hip-hop, l’écriture et les « battles » lui ouvrent de nouveaux horizons, malgré quelques difficultés… En effet, l’accueil n’est pas toujours chaleureux dans ce milieu très masculin, en particulier quand on est une femme, anglophone de surcroît. Tracy de Sá est non seulement l’une des premières à monter sur scène, mais aussi la seule à ne pas rapper en français. Après des années passées à supporter en silence, les vexations, le racisme, le sexisme, le mépris social, à se comporter discrètement et viser l’excellence, le rap constitue un exécutoire de choix. Alors, en dépit des obstacles, la pionnière des « open mic » ne se décourage pas. Certes, à ses débuts, elle dissimule sa féminité et tente d’effacer sa singularité. Finalement, Tracy de Sá gagne progressivement en confiance et, éclairée entre autres par les études de genre qu’elle suit à l’université, la rappeuse assume fermement son identité comme ses convictions.
Sur scène, Tracy de Sá brise le carcan dans lequel elle s’est enfermée, voire qu’on lui a imposé, s’accroche même quand la salle est hostile et n’hésite pas à aborder les sujets qui lui tiennent à cœur. « J’ai réussi à m’imposer, à dire “Même si vous ne voulez pas me donner de place, je vais créer la mienne”. » assène-t-elle.
Dans son court-métrage Sheroes ou son album In Power, Tracy de Sá évoque « des thèmes tels que la sexualité et le plaisir féminin, la réappropriation du corps, le pouvoir, la liberté, la fierté d’être ce qu’on est, la fierté d’être une femme ». Aucune hésitation quant à la place qu’elle occupe aujourd’hui, celle d’une artiste féministe forte et engagée.
(Sources : site de l’artiste, Madmoizelle.com. RFI, France Inter, Rue 89 Lyon)