Pour Mehdi Kerkouche, l’Opéra est un « rêve de gamin ». Un rêve d’autant plus inaccessible que le gamin ignore « qu’il a le droit d’y aller ». Pourtant quelques années plus tard, à la demande de l’ancienne danseuse étoile Aurélie Dupont, il crée un ballet pour l’établissement prestigieux dont elle est désormais la directrice, l’Opéra de Paris…
L’histoire commence lorsqu’elle le repère sur les réseaux sociaux, lors du premier confinement en mars 2020. Les vidéos des performances des danseurs de sa Compagnie EMKA, filmé chacun dans leur appartement, deviennent virales et attirent l’attention d’Aurélie Dupont qui contacte le jeune chorégraphe avant de l’inviter au Palais Garnier, dans le cadre de l’évènement « Créer aujourd’hui ».
De leur rencontre va naître le ballet « Et si » filmé sans public en raison de la pandémie et diffusé en direct sur Internet, puis sur France TV en 2021. Une rencontre ébouriffante pour le jeune chorégraphe, venu de l’univers urbain, qui a grandi dans une cité de Rueil-Malmaison et une découverte enrichissante pour les danseurs de l’Opéra de Paris. Mehdi Kerkouche, issu d’une famille modeste d’origine immigrée, ne s’imaginait pas pouvoir entrer dans cette institution « par la grande porte ». Sa mère, employée de maison, se sacrifie pour qu’il suive des études dans un collège privé. Cette expérience lui ouvre l’esprit, reconnait-il, même s’il rencontre quelques difficultés. Scolarisé dans un établissement réservé aux garçons, il ne partage pas les mêmes centres d’intérêt que la majorité des autres élèves. En outre, confiera-t-il plus tard, il apparait « efféminé » aux yeux de camarades qui peinent à comprendre son engouement pour la danse.
Cependant, même si sa passion dénote dans cet environnement, il n’en reste pas moins déterminé à tracer son chemin, malgré les moqueries, les insultes et le harcèlement. Avec le recul, il estime que ce vécu l’a poussé à se dépasser même s’il souligne « qu’il est dommage de devoir en passer par là » lors d’une interview donnée à Clique TV.
« D’origine algérienne, Mehdi Kerkouche reconnaît avoir “rejeté” un temps cette appartenance. ” Parce que je suis danseur, je suis homosexuel, j’ai eu des problèmes par rapport à ça “. Mais avec le temps, ” j’ai eu besoin de me reconnecter ” […]
Pour la pièce à l’Opéra, il ajoute un clin d’œil en hommage aux tatouages de sa grand-mère berbère, à travers le maquillage des danseurs » explique le chorégraphe dans une interview au journal Le Figaro.
Profitant de sa nouvelle notoriété, Mehdi Kerkouche lance en 2020 le festival virtuel « On danse chez vous », destiné à récolter des fonds pour la Fondation des hôpitaux de France. Devant le succès de cette initiative, une deuxième édition de ce marathon de danse caritatif est programmée l’année suivante, en avril 2021, au profit cette fois des étudiants en situation de précarité.
Mehdi Kerchouche poursuit sa route de chorégraphe-danseur avec sa compagnie Emka et ses créations programmées dans les institutions culturelles les plus renommées du pays telles que le Palais de Tokyo, l’Institut du Monde arabe ou encore le Théâtre national de la Danse à Chaillot.
(Sources : France TV, Clique TV, Brut, Le Figaro, L’Opéra de Paris et site personnel du chorégraphe)