En février 2013, un fait divers particulièrement choquant attire l’attention des « Kids », le duo de jeunes journalistes Mehdi Meklat et Badroudine Saïd Abdallah. Un homme de 42 ans, Djamel Chaar, s’immole par le feu à Nantes, devant une agence de Pôle emploi. Ce geste tragique sera le point de départ d’un roman écrit à quatre mains.
Les compères n’en sont pas à leur première expérience commune. Mehdi Meklat, natif de Clichy qui grandit à Saint-Ouen, a rencontré Badroudine Saïd Abdallah au lycée. Celui-ci, né au Kenya, a passé son enfance à la Cité des 4 000 de La Courneuve. Les deux amis deviennent rapidement associés de plume.
Un an après leur rencontre, ils entament une fructueuse collaboration en chroniquant la vie en banlieue. Depuis leurs débuts au Bondy Blog, ils ont eu l’occasion de roder leurs méthodes de travail en équipe, notamment aux côtés de Pascale Clark sur France Inter. Burn-out, leur premier roman inspiré de la vie de Djamel Chaar, parait en 2015. La même année, les journalistes réalisent un premier documentaire pour Arte, qui sera bientôt suivi d’une série, d’un magazine papier puis de la parution d’un second roman publié en 2017.
L’ascension fulgurante du duo s’arrête net en pleine promotion de cet ouvrage, les tweets haineux, écrits par Mehdi Meklat sous le pseudonyme de Marcelin Deschamps, sortent au grand jour. Le scandale est immense à la hauteur du piédestal sur lequel avait été hissé le jeune journaliste. L’affaire agite le monde médiatique et politique, d’autant plus que ce compte volontairement provocant n’était pas un secret. De nombreuses personnalités des médias connaissaient celui qui se dissimulait derrière l’identité de Marcelin Deschamps, ses dérapages xénophobes, homophobes, antisémites et racistes. Certains peinent à croire qu’il s’agisse du même individu tant les propos affichés vont à l’encontre de tout ce qu’il avait pu dire ou écrire « officiellement » jusqu’alors.
Le journaliste se défendra maladroitement, arguant d’un « double maléfique » ou d’une expérience, avant de s’expliquer plus posément dans un livre intitulé « L’Autopsie », paru en 2018. Ses tentatives de justification ne parviennent cependant pas à dissiper le malaise. En outre, l’argument qu’il développe à propos du traitement médiatique de l’affaire irrite un peu plus ses détracteurs. Selon le journaliste, ses origines auraient joué un rôle dans l’emballement médiatique de l’affaire, selon lui disproportionné. Cette posture apparait une énième provocation ou le signe d’une mauvaise foi consommée.
Trois ans plus tard, « l’affaire Mehdi Meklat » revient sur le devant de la scène avec le film « Arthur Rambo » inspiré de la chute de « l’icône des banlieues » et réalisé par Laurent Cantet.
Résumé
Un chômeur algérien, installé à Nantes, envoie un mail à Presse Océan : “Je suis allé à Pôle Emploi avec cinq litres d’essence pour me brûler, mais c’est fermé le 12 février 2013, alors ça sera demain, car ce serait vraiment préférable au sein de Pôle Emploi merci.” Le lendemain, l’homme tient parole. Mehdi et Badrou voudront comprendre. Car Djamal ne correspond à aucun des clichés – terroriste, clandestin, sauvageon -, qui attirent les caméras. Djamal est un immigré venu en France pour travailler, épouser Nicole et devenir clown. Certes, il côtoie le racisme ordinaire, les institutions expéditives, les patrons sans scrupules. Mais de là à s’immoler ? Medhi et Badrou voudront comprendre, alors il leur faudra tout imaginer. Restituer la vie de Djamal – de son départ d’Algérie à sa mort – par la voix de ceux qui l’ont connu, aimé ou méprisé. Les confidences amoureuses de Nicole, les indiscrétions d’Ahmed, le patron du Taxiphone, les courriers de Pôle Emploi, les discours du ministre du Travail, les souvenirs du directeur d’un cirque minable, tous ont quelque chose à raconter sur lui. Car Djamal leur a sans doute appris quelque chose sur eux. Et sur nous.
(Source : éditeur)