Les années 2000 représentent un tournant pour le rap français. Fin de l’âge d’or, début du « mainstream », mainmise des majors, mort du rap alternatif ou renouveau, ouverture et effervescence créative ? Les avis des spécialistes divergent même si tous s’accordent sur un constat, l’entrée dans une nouvel ère.
Lors de cette décennie, le rap français se popularise avec l’intérêt grandissant du public comme des médias, pour un genre musical auparavant cantonné aux « cités » et à ses (jeunes) habitants. Il devient sujet de discussions, de polémiques et de passions. Il a ses ardents défenseurs, ses amateurs éclairés qui deviendront au fil du temps des références. Parmi eux, plusieurs passionnés profitent des débuts d’Internet pour y lancer le magazine « l’Abcdr du son », en 2000. Plus de 20 ans après, le média existe toujours et est devenu incontournable dans le paysage de la presse musicale.
« Tout a commencé par une passion nourrie à la débrouille. Au début, c’était des éditos enflammés, des chroniques longues comme le bras, avec cette culture du fanzine typique des années quatre-vingt-dix : l’autonomie, la frénésie, l’huile de coude et quelques postures chevaleresques. Face aux mass médias, aux radios s’emparant du mouvement. Les fers de lance de la rédaction étaient des groupes comme La Rumeur ou La Cinquième Kolonne. Son cheval de bataille était un rap vu pour ce qu’il était : une musique brillante, qui devait rester spéciale. Le succès oui, l’industrialisation non. Et surtout, il fallait aller voir les artistes. Chroniquer leurs disques, c’était bien. Comprendre leur musique et leur parcours, c’était mieux. » (Source : l’Abcdr du son)