Années 80

Carte de Séjour

1981-03-10

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des années 80…
Dans les banlieues de l’est lyonnais, la tension monte. Heurts avec la police, grève de la faim d’immigrés en attente d’expulsion, rodéos des Minguettes, les médias parlent « d’été chaud ». C’est dans ce contexte que se forme le groupe Carte de Séjour, lorsque Rachid Taha rencontre les frères Mohammed et Moktar Amini, à l’usine Thermix. Bientôt rejoints par Djamel Dif et Jérôme Savy, les membres de Carte de séjour explorent sur fond de punk-rock, les problématiques des immigrés de France.

Avec « Zoubida », sur le mariage forcé ou « la Moda », sur le rejet à l’entrée en boîte de nuit, malgré la blondeur affichée des jeunes maghrébins, Carte de Séjour chante, en arabe, le quotidien de la jeunesse des quartiers. En 1983, le groupe se produit place de la Bastille, lors l’arrivée de la Marche des Beurs.

Carte de Séjour gagne, également, en notoriété, en passant dans des émissions télévisées comme « Droit de réponse » de Polac ou encore « Mégahertz », avant de sortir un premier album en 1984, « Rhorhomanie ». Mais, c’est avec la reprise ironique d’un succès de Charles Trenet que la popularité du groupe explose… En 1985, place de la Concorde, devant 500 000 personnes, les premières mesures de Douce France résonnent, quelques huées et sifflets se font entendre. R.Taha lance, aussitôt, au public « Quoi on n’a pas le droit de toucher au patrimoine ? C’est le nôtre aussi ! » avant de réinterpréter la chanson.

Enregistrée en studio en 1986, la reprise de « Douce France » par le groupe Carte de Séjour affirme, avec force et ironie, l’appartenance des enfants d’immigrés au pays qui les a vus grandir. Selon l’historien Philippe Hanus, « ce rapt symbolique d’un lieu de mémoire français par des “lascars de banlieue” légalise et légitime une présence dans l’espace public : celle des enfants des immigrés postcoloniaux, et abolit de la sorte les frontières du dedans et du dehors ». Pour Rachid Taha, Douce France était, malgré les souvenirs d’enfance, « une antiphrase. C’est par ironie pour une France qui justement n’était pas douce pour les immigrés que nous avons choisi ce titre ».

                

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