Chinoise ?

2021-02-11

Lorsque la chanteuse Thérèse tente d’établir une liste exhaustive des stéréotypes sur les femmes d’origine asiatique en France, pour l’écriture des paroles de « Chinoise ? », elle manque de place, dit-elle. Elle en évoque pourtant déjà un certain nombre dans la chanson… Des clichés serinés depuis des années, sans grande originalité, aux insultes violemment racistes, la chanteuse n’invente rien. Elle relate des propos infligés au quotidien. Un quotidien singulièrement compliqué depuis l’arrivée du covid-19, un temps nommé « virus chinois », et la montée du racisme anti-asiatique.
Les attitudes, gestes et actes racistes à l’encontre des personnes, présentant des caractéristiques physiques laissant supposer une origine asiatique, se multiplient et se durcissent. Systématiquement qualifiés de Chinois, même quand leurs racines sont vietnamiennes, cambodgiennes, laotiennes, coréennes ou encore japonaises, les membres réels ou fantasmés d’une communauté se retrouvent parfois en butte à une hostilité grandissante.

La chanson « Chinoise ? » s’inscrit donc dans ce contexte particulier. « Compiler les clichés, les détourner, les démonter, se réapproprier ses identités. Pas de drama, pas de haine, pas de victimisation, pas de ton moralisateur. Parce qu’on peut aborder les sujets qui fâchent de façon positive et colorée. Non dans la volonté de banaliser cette violence, mais au contraire de ne pas y céder, de s’en servir comme une force pour avancer et façonner le monde à notre image. Se battre “pour” et non “contre”. » explique Thérèse.

Pour tourner les scènes extérieures du clip, la chanteuse choisit Belleville. Le 19e arrondissement parisien, cosmopolite et multiculturel, s’impose naturellement à l’artiste.

« C’est un quartier hyper mixte, que j’aime beaucoup, plein de couches d’immigration. Je me sens y appartenir. » Une philosophie qui se reflète aussi dans sa musique, qu’elle veut solidaire de toutes les communautés : « Quand je dis “Banania, coucous, même combat”, je parle de mes adelphes. Toutes les minorités “visibles” ont subi la même chose. C’est un appel à la convergence de ces luttes-là » confie-t-elle dans une interview donnée au journal 20 Minutes.

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