Bouzid Kara rejoint la « Marche des Beurs » et ceux partis de Marseille, à Aix-en-Provence. Figure du mouvement, il témoigne « à chaud » des temps forts, des étapes et des rencontres de ceux qui ont fait cette « Marche pour contre le racisme et pour l’égalité des droits ». Selon l’historien Mustapha Harzoune « ce témoignage reste un document important, émouvant aussi, tant par le texte que par les photos sur cette Marche qui entendaient “provoquer un déclic” dans une société non seulement indifférente à ses transformations mais aussi hostile à toute une partie de sa jeunesse – reléguée, oisive par obligation, toujours suspecte. Pire, en ces temps pas si lointains, héritage colonial ou universelle hostilité à l’Autre, on canardait le basané, et impunément souvent. » (Source : Mustapha Harzoune, « Bouzid, La Marche. Les carnets d’un “marcheur”, », Hommes & migrations, 1305 | 2014)
Résumé
Pourquoi faire quinze cents kilomètres à pied, d’Aix-en-Provence jusqu’à Paris Pour revendiquer les droits les plus élémentaires de tout être humain, pour ne pas céder à la violence, pour être enfin entendu des pouvoirs publics et de la masse des Français. Dans “ce pays étranger qui est le plus le sien”, Bouzid, que le destin a doublement marqué – en le faisant vivre en France, et d’une vie à la fois aventureuse et dramatique -, a marché en cet automne 1983, avec d’autres jeunes issus de l’immigration, “pour l’égalité et contre le racisme”. Cette marche a connu une arrivée triomphale et bouleversante à Paris, où elle a été accueillie par une manifestation de 100 000 personnes. Et malgré les manœuvres politiciennes qui ont aussitôt cherché à la récupérer ou à la contourner, elle est restée dans la mémoire de toute une génération d’enfants d’immigrés comme un moment charnière de leur histoire. Le carnet de route de Bouzid, qui fut le plus souvent le porte-parole des marcheurs au terme des étapes, est un cri éperdu. Celui de ces jeunes qui n’ont cessé jusqu’à nos jours, trente ans plus tard, d’être marginalisés socialement et culturellement, puis stigmatisés comme d’étranges étrangers. (Source ; Acte sud)