Merlich Merlich

2021-09-02

Les projets nés au cœur des quartiers prennent parfois un tour inattendu. C’est le cas du court-métrage « Merlich Merlich » réalisé par Hannil Ghilas en 2021. Parti des quartiers Nord de Marseille, le film sélectionné au festival Colcoa voyage jusqu’à Hollywood.

Coup d’essai réussi pour ce premier passage derrière la caméra du réalisateur néophyte de 18 ans. Son équipe n’est d’ailleurs guère plus âgée, ni beaucoup plus expérimentée lors du tournage de « Merlich Merlich ».  Rien de grave, comme l’indique le titre du film*, car tous sont là pour découvrir les métiers du cinéma de l’intérieur. Le 7ème Art se voit régulièrement reprocher son manque de diversité à l’écran, mais aussi en coulisses. Ce constat n’a pas échappé à l’association Ph’art et Balises et à sa chargée de production, Yasmina Er Rafass qui tentent de décloisonner ce monde fermé. « Moi-même dans ma formation et mon développement, [je n’ai] jamais eu de soutien, [je n’ai] jamais été accompagnée pour mener à bien mes projets.  C’est un milieu qui est très difficile à intégrer, très fermé et c’est vrai que si l’on ne travaille pas sur le réseau, on a très peu de chance de sortir un projet. Ce qui m’intéresse à Ph’art et Balises, c’est que j’accompagne ces jeunes qui ont une pratique, qui ont une envie.  Je leur donne des raccourcis, des clefs » explique cette metteuse en scène et comédienne de formation.

Originaires des Cités de la Castellane, des Balustres ou encore Félix Pyat, les aspirants cinéastes rencontrent des professionnels tels que les réalisateurs Mehdi Charef et Pascal Tessaud. Ce dernier les accompagne tout au long du projet durant lequel les apprentis scénaristes, acteurs et techniciens expérimentent l’ensemble du processus de création.
L’aventure « Merlich Merlich » commence ainsi par un atelier d’écriture collective où leurs idées prendront progressivement la forme d’un scénario abouti. « On est – entre la tragédie et la comédie, ce qui correspond bien à ce qu’ils vivent – plongé au cœur d’une famille comorienne des Quartiers Nord de Marseille » relate Pascal Tessaud. « Le scénario devait venir d’eux, pas de moi, s’inspirer de leur vécu » ajoute-t-il.
Tous tombent d’accord. Le film doit refléter la réalité, sortir de la caricature, des fantasmes et outrances sur les quartiers populaires phocéens. L’ambition de « Merlich Merlich » est de montrer « le 80% de nos quartiers, c’est-à-dire la solidarité, l’amour, l’entraide, et non le 20% (la violence, les trafics de drogue) qu’on voit partout dans les médias, dans les clips et dans certains films » comme l’explique Hannil Ghilas.

Qualifié de « pépite », « d’étoile montante » du cinéma, « jeune réalisateur talentueux », « prometteur », la presse ne tarit pas d’éloges sur celui qui s’est très vite imposé comme une évidence aux pilotes du projet, Yasmina Er Rafass et Pascal Tessaud.

« Hannil, c’est un jeune qui est arrivé en plein atelier, par l’intermédiaire de son cousin Wassim. Un jeune qui tout de suite s’est mis dans le travail. Et au bout de deux trois mois avec Pascal on s’est dit que cela pouvait être le prochain réalisateur du court métrage “Merlich Merlich” que l’on était en train de développer avec le groupe. Il en avait le courage et le charisme. Il en avait les compétences et il en avait envie. Il a grandi à la Castellane, il a eu une enfance difficile et il s’est raccroché au théâtre, au cinéma et au rap. C’est quelqu’un qui a une aura et qui est capable vraiment d’amener les gens à des endroits [qu’on] n’aurait pas imaginé. »

* L’interjection « Merlich » provient de l’arabe dialectal maghrébin et signifie « ce n’est pas grave ». Une expression souvent utilisée pour relativiser avec humour et philosophie les désagréments quotidiens.

(Sources : presse locale et nationale)

Synopsis
L’oncle Ibrahim meurt alors que Karim, son neveu, lui apporte son petit-déjeuner. La famille se réunit pour des obsèques religieuses. Karim retrouve sa cousine Myriam. Ils vont chercher du café dans la voiture sur le parking de la cité. Alors que Karim a une explication au téléphone avec sa petite amie, Myriam en profite pour mettre de la musique au volant de la voiture et lâcher la pression.
(Source UniFrance)

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