Pour Maïmouna Doucouré, le cinéma apparait comme un rêve inaccessible. Difficile de se projeter dans ce milieu exclusif lorsqu’on grandit dans le 19e arrondissement au sein d’une famille nombreuse d’origine sénégalaise. Sa mère, à qui elle confie ses aspirations de cinéaste, lui répond « ce n’est pas pour nous ». « Nous étions trop noirs, trop pauvres, trop banlieusards » explique Maïmouna Doucouré. Pourtant la jeune fille s’accroche, se lance dans la réalisation et…rencontre un succès éclatant avec son premier court métrage « Mamans » inspiré de son vécu puis vient la consécration du film Mignonnes. Le long métrage, en partie autobiographique, évoque pêle-mêle l’émancipation féminine, notamment par la danse, la construction de l’estime de soi, le poids du patriarcat ou celui du regard d’autrui. Pour la réalisatrice, le film est un cri d’alarme sur les dangers d’une exposition des pré-adolescentes et jeunes filles sur les réseaux sociaux. Lorsque Maïmouna Doucouré allait danser avec ses amies, ceux-ci n’en étaient qu’au stade embryonnaire et étaient loin de leur omniprésence actuelle. Les mouvements de danse sexués prêtaient alors moins à conséquence qu’aujourd’hui, « j’ai vu des filles de 13 ou 14 ans suivies par 400 000 personnes, juste parce qu’elles postent des photos d’elles en string ».
Malgré une prise de position explicite contre ses dérives, l’œuvre provoque une polémique outre-atlantique. Or comme le signale le journal Le Monde « si Mignonnes (Cuties, en anglais) met en scène l’hypersexualisation de préadolescentes qui pratiquent une danse sensuelle et lascive – le twerk –, le film ne peut être suspecté d’aucune complaisance à l’égard de la pornographie juvénile ». Cela n’empêchera pas le film de conquérir un large public dans de nombreux pays.
Maïmouna Doucouré, qui se considère comme une « réalisatrice française avant tout », il est désormais important de montrer d’autres modèles et « de faire sauter les barrières grâce à la fiction. A partir du moment où on ouvre les imaginaires, dans la réalité, tout devient possible ». Et cela, l’artiste nous l’a démontré avec brio.
« Mon père, qui n’est plus là, était éboueur, ma mère femme de ménage et commerçante. Le discours de mon père, c’était : “Vous avez la chance d’être nés en France et de pouvoir faire des études, saisissez-la !” Il a passé sa vie à rendre les rues de Paris propres et il l’a fait dignement, en nous transmettant sa dignité pour qu’on s’accomplisse en tant qu’adultes… Nos parents se sont battus pour qu’on ait le droit de rêver. La plus belle manière de leur rendre hommage aujourd’hui, c’est de réaliser nos rêves ».
(Sources : TV5 Monde, Paris Match, Le Monde et presse internationale)
Biographie
Maïmouna Doucouré débute dans le cinéma avec un film autoproduit réalisé [à la] suite d’un concours de scénarios. Elle écrit ensuite Maman(s), court-métrage sélectionné dans près de 200 festivals dans le monde et qui remporte plus de 60 prix, dont le Prix du Jury à Sundance, le Prix du meilleur court-métrage à Toronto et le César 2017 du meilleur court-métrage.
En 2019, elle reçoit le Gold Fellowship for Women décerné par l’Académie des Oscars, qui récompense de jeunes artistes émergentes. Sorti en 2020, Mignonnes, son premier long, aborde l’hypersexualisation des pré-adolescentes. Il a obtenu le Prix de la meilleure réalisation à Sundance et une Mention spéciale du Jury international Generation Kplus à Berlin.
(Source Unifrance)
Synopsis
Amy, 11 ans, rencontre un groupe de danseuses appelé : « Les Mignonnes ». Fascinée, elle s’initie à une danse sensuelle, dans l’espoir d’intégrer leur bande et de fuir un bouleversement familial…
(Source Unifrance)